SFMG - Société Française de Médecine Générale

Avril 2009

Depuis quelques années, les virologues nord-américains signalent périodiquement des cas humains de grippe due à des virus grippaux porcins H1N1, un peu différents de ceux qui sont habituels chez les humains. Depuis peu, les Autorités mexicaines signalent que, dans des zones proches de la frontière des USA, plusieurs centaines de personnes ont été infectées par des virus grippaux H1N1 porcins. Ce virus grippal H1N1 a diffusé à Mexico, prouvant qu’il est bien adapté à l’homme et qu’il se transmet facilement d’un humain à l’autre. De fait, au moment où ce bulletin est rédigé, des cas humains très récents de grippe porcine sont confirmés par le CDC d’Atlanta en Californie, au Texas, à New York, dans le Kansas, en Ohio et, par l’Office de santé publique du Canada, en Nouvelle Ecosse. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé le 24 avril une alerte mondiale sans modifier le niveau d’alerte pandémique. En France, les Autorités ont activé le dispositif de gestion de crise et mis en place une surveillance renforcée. A noter : A cette heure, aucun cas d'infection à influenza A(H1N1) d'origine porcine n'a été identifié en dehors du continent américain.

Est-ce le début d’une pandémie ?
C’est trop tôt pour le savoir. Les virus H1N1 humains habituels circulent depuis 1917 et ne provoquent plus que des épidémies saisonnières de faible ampleur parce que la majeure partie de la population terrestre a acquis une immunité anti-H1N1 lors des épidémies antérieures. Attendons de savoir si le virus de la grippe H1N1 d’origine porcine est antigéniquement suffisamment différent du H1N1 humain habituel pour que la majeure partie de la population mondiale puisse être infectée, laissant ainsi le champ libre à une pandémie de grippe H1N1.
A l’inverse, s’il existe une similitude antigénique suffisante entre le H1N1 porcin et le H1N1 habituel, ceux qui ont des anticorps anti-H1N1 seront naturellement protégés et le nombre des cas restera limité.

Quel est ce virus ?
On ne sait pas encore s’il s’agit d’un virus porcin adapté à l’homme, un virus grippal humain ayant acquis une neuraminidase porcine ou le fruit de recombinaisons multiples entre virus grippaux humains, aviaires et porcins. On devrait en savoir plus dans les jours qui viennent, quand les résultats de PCR auront permis de déterminer avec précision les gênes codants pour l’hémaglutine, la neuramidase et les protéines internes de ce nouveau virus.

Les cas humains de grippe porcine sont-ils particulièrement graves ?

Ce qu’on sait, c’est que les cas nord-américains n’ont pas présenté de gravité particulière. Les malades ont tous guéri. De plus, selon le CDC et l »OMS, les virus porcins isolés sont sensibles à l’oseltamivir (mais résistants à l’amantadine et à la rimantadine). Les informations sur les décès annoncés au Mexique sont pour l’instant très floues. Le nombre des décès varient considérablement d’un media à l’autre et leur lien avec la grippe porcine est imprécis. Il faut savoir que, cet hiver, l’épidémie de grippe saisonnière en Amérique du Nord et en Amérique Centrale a été provoquée par un virus grippal A(H1N1) similaire à celui que l’Europe a connu pendant la saison 2007-2008. Il n’est probablement pas simple de faire la part des choses entre le virus saisonnier et le virus d’origine porcine.

Que faire si un malade grippé pense avoir la grippe porcine ?
Les syndromes de la grippe porcine sont ceux d’une grippe saisonnière : fièvre, toux, écoulement nasal, douleurs articulaires et/ou musculaires. Si ces signes sont apparus dans les 7 jours qui suivent le retour d’une zone concernée par la grippe porcine, il est recommandé aux voyageurs de prendre contact avec leur médecin traitant. En cas de doute, le médecin contacte le Centre 15 du département , qui en référera à l’InVS. Les définitions de cas (suspect, possible, confirmé) sont disponibles en ligne et mises à jour sur le site de l’InVS : www.invs.sante.fr

Que dire à ceux qui vont voyager sur le continent américain ?
Si vous devez vous rendre au Mexique, compte-tenu de la situation sanitaire locale, le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes et le Ministère chargé de la Santé appellent à la plus grande prudence pour tout déplacement non indispensable sur place.
Il est recommandé de :
· prendre contact avec votre médecin traitant ou avec un centre de vaccination international pour optimiser la préparation sanitaire de votre voyage
· prendre les renseignements suivants sur la situation sanitaire locale en consultant les sites Internet suivants :
o Ministère des affaires étrangères : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/
o ministère de la santé http://www.sante-sports.gouv.fr/
o OMS : http://www.who.int/en/
o Ambassade de France à Mexico : http://www.ambafrance-mx.org/
o Ministère de la santé mexicain (en espagnol)

Autres sources d’informations
- plateforme téléphonique Grippe aviaire au 0825.302.302 (0,15 €ttc/minute depuis un poste fixe) ou depuis l’étranger : +33 1 53 56 73 23
- plateforme du ministère des affaires étrangères au 01.45.50.34.60

Pendant le voyage
Il est conseillé de se conformer aux recommandations émises par les autorités sanitaires locales et notamment :
- d’éviter les lieux de rassemblement public (salles de spectacles, réunions publiques, etc.),
- de respecter les règles d’hygiène élémentaire, notamment le lavage soigneux et régulier des mains avec de l’eau savonneuse ou des solutions hydroalcooliques, et l’aération des pièces dans lesquelles vous séjournez,
- d’éviter le contact avec les personnes malades.
- de prendre contact si nécessaire avec le poste diplomatique.
- de consulter un médecin en cas de fièvre ou de symptômes grippaux (courbatures, douleurs musculaires notamment),

Sources : OMS, CDC Atlanta, Ministère de la Santé, de la jeunesse et des Sports, InVS.

Dr Jean-Marie Cohen
OPEN ROME
 (Réseaux d'Observation des Maladies et des Epidémies)